Entraide Fibromyalgie Ouest ( E.F.O. 35)
ACR 2010
Les nouveaux critères ACR 2010 de diagnostic et de mesure de la sévérité de la fibromyalgie : 20 ans après les critères ACR 1990
Par Serge Perrot (Hôtel Dieu, Paris)
Article commenté :
The American College of Rheumatology Preliminary Diagnostic Criteria for Fibromyalgia and Measurement of Symptom Severity
Wolfe F, Clauw DJ, Fitzcharles MA et al.
Arthritis Care & Research 2010 ; 62, 5: 600-610
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Plusieurs auteurs américains bien connus dans le monde de la fibromyalgie ont développé une étude pour mettre au point deux indices : (1) des critères diagnostiques de fibromyalgie simples et pratiques, facilement utilisables en médecine générale, ne nécessitant pas d’examen de points douloureux, et (2) une échelle de sévérité des symptômes du syndrome fibromyalgique.
Une étude multicentrique a été réalisée sur 829 patients déjà diagnostiqués fibromyalgiques et des patients contrôles. Les patients ont été examinés pour évaluer le nombre de zones corporelles douloureuses permettant de calculer l’index de douleur diffuse (WPI ou Widespread Pain Index) ; les troubles cognitifs, la fatigue, les troubles du sommeil et tous les symptômes somatiques ont été recherchés.
Près de 25% de patients considérés comme fibromyalgiques par les cliniciens n’ont pas satisfait aux critères de l’ACR 1990 de la fibromyalgie. Les variables diagnostiques les plus importantes étaient l’index de douleur diffuse WPI, les symptômes cognitifs, le sommeil non réparateur, la fatigue et le nombre de symptômes somatiques. Ces variables ont permis de créer une première échelle de sévérité des symptômes (SS). Les auteurs ont ensuite combiné l’échelle de sévérité et l’index de douleur pour proposer une nouvelle définition diagnostique de la fibromyalgie, à savoir, deux possibilités : (WPI≥7 et SS≥5) ou (WPI 3-6 et SS≥9).
Les critères diagnostiques de fibromyalgie de l’ACR de 1990, déjà proposés par Wolfe et coll., avaient de nombreux défauts, notamment de reposer sur un examen clinique et notamment la recherche de points douloureux spécifiques, avec une méthodologie bien précise, nécessitant un entraînement des cliniciens. Les nouveaux critères permettent de se passer de l’examen clinique et semblent donc plus appropriés à la médecine générale et à une utilisation plus large. Les nouveaux critères permettent également de classer les patients selon la sévérité, en se référant à des symptômes autres que la douleur, tels que les troubles du sommeil, la fatigue, les troubles cognitifs. L’étude montre bien que la douleur n’est qu’un des éléments de la fibromyalgie et ne permet pas de diagnostiquer à elle seule les patients comme fibromyalgiques. Il reste que cet outil ne semble pas si simple d’utilisation, nécessite un entraînement pour le comprendre.
L’étude montre que dans la fibromyalgie, des symptômes tels que les symptômes liés au sommeil, à la fatigue, aux troubles cognitifs sont importants, et notamment pour le diagnostic. L’étude est surprenante sur certains points : les patients contrôles sont des patients avec atteinte douloureuse localisée, non inflammatoire, incluant notamment les pathologies rachidiennes, tendineuses ou arthrosiques. Le groupe contrôle n’a inclus aucune pathologie rhumatologique inflammatoire, telle que la spondylarthrite souvent difficile à différencier de la fibromyalgie. Le groupe contrôle n’a pas non plus inclus de douleurs neuropathiques diffuses, et le caractère discriminant des critères ne semble pas prouvé dans toutes les situations. Enfin, la nouvelle définition de la fibromyalgie repose sur un diagnostic d’exclusion : les patients ne doivent pas avoir d’autre atteinte pouvant expliquer la douleur et exclut les fibromyalgies secondaires ou associées.
Bref, il n’est pas sûr que ces nouveaux critères supplanteront les anciens dans la pratique et des études de validation en médecine courante semblent vraiment nécessaires.
Date de publication : 27-05-2010Annie DIAZ